A entendre nos dirigeants politiques ont pourrait croire que tout va bien, mais c’est comme dans la chanson. Car il semble bien que de nombreux signaux aient virés au rouge. Les CDS ou « Credit Default Swaps » en est un. Les CDS sont des indicateurs de confiance du marché financier. Ils reflètent l’estimation que les créanciers d’une entreprise ou d’un pays ont dans la capacité des acteurs publics ou privés à rembourser leurs dettes.
Qu’est-ce qu’un « Credit Default Swaps » ou CDS ?
Selon Michel VERLAINE[1], « les CDS indiquant les coûts à encourir pour protéger ces banques contre un risque de défaut, ces primes induisent des hausses des coûts de refinancement, ce qui par ailleurs vient grever leur rentabilité. Bien sûr, les parties en cause débattront quant au bien fondé de ces primes. Cela dit, une bonne compréhension de la nature des discussions invite à s’attarder quelque sur le fonctionnement des ces produits.
Tout d’abord, les CDS font partie de ce qu’on appelle les dérivés de crédit. Ces derniers sont des produits dérivés qui dépendent de ce que l’on appelle des événements de crédit. Ces événements peuvent prendre diverses formes telles des faillites, des défauts de paiement, des changements de rating... . Ces événements sont définis par rapport à des entités de référence. Quant à la notion de produit dérivé, elle désigne le fait que le paiement d’un actif dépend d’autres actifs ou variables sous-jacentes. Dans les cas des dérivés de crédit, le paiement dépend donc de la survenance de l’événement de crédit. A noter qu’en général les définitions d’événements de crédit sont standardisées par l’ISDA (International Swaps and Derivatives Association). Cependant, comme il s’agit souvent de produits de gré à gré, non standardisés, toutes sortes d’événements peuvent être considérés dans les clauses du contrat. Nous pouvons maintenant nous pencher plus particulièrement sur les CDS. »
Bref, ce que je comprends c’est que les CDS sont (très grossièrement) une assurance couvrant le risque de défaillance d’un pays ou d’une entreprise. La prime est d’autant plus élevée que le risque perçu est élevé. Au niveau actuel de la prime (~100), souligne Isabelle Couet des Echos, dans un article du 9 juin, « pour se protéger sur la dette de la France reflète une probabilité de défaut de 8 % dans cinq ans. Un scénario peu réaliste, mais qui traduit la nervosité ambiante ».
Que pensent les marchés de la capacité des pays européens à rembourser leurs dettes ?
On peut, certes contester la pertinence des évaluations effectuées par les financiers (à ne pas confondre à ce stade de l’analyse avec les agences de notation) mais en supposant que les critères soient constants, je trouve l’évolution des valeurs des CDS très inquiétantes. En six mois, la prime de risque pour l’Etat français est passée de 42 à 101 soit une augmentation de 140 %. Le fait que quelques pays aient des progressions plus importantes peut-il être satisfaisant ? Notre partenaire allemand a vu son CDS évoluer de 31 à 53 soit une augmentation deux fois moindre (+ 71%). Pour chaque augmentation, le coût du crédit augmente de même que la difficulté d’obtenir des fonds.
Mais encore plus important, selon le Financial Times dans un article « How sovereign bonds should be rated ? », Izabella Kaminska reprend une analyse de la banque Standard Chartered selon laquelle le rating donné par les agences de notation doit être lié aux valeurs des CDS définies par les marchés financiers (on peut comprendre cela venant d’une banque) et de se lancer dans une prospective des notations qui devraient être attribuées à chaque pays. Et pour la France, nous descendrions de deux divisions en passant d’un triple A à AA. Même pas un AA+ ! Alors, autant dire que si ce scénario devait se réaliser les complaintes des fonctionnaires pour une éventuelle augmentation de leurs cotisations de retraites seraient inaudibles faces aux gémissements d’agonie de nombreux acteurs économiques qui devraient alors payer l’accès au crédit très cher en commençant par l’Etat avec sa dette abyssinale de 1489 milliards d’Euros à fin 2009.
Pour en savoir plus :
Quel avenir pour notre niveau de vie ?
Sans être aussi pessimiste que Jacques ATALLI, je suis de plus en plus septique quant à notre aptitude collective à trouver le chemin de l’équilibre budgétaire.
Alors, peut-on regarder ce qui ce passe en Grèce, en Espagne et au Portugal pour imaginer ce qui risque de nous arriver en France ?
Le feu est à notre porte ! Les marchés financiers après avoir été la cible des politiques européens, leur renvoient la balle en mettant en doute leurs capacités à résoudre les déficits budgétaires et à résorber leurs dettes. La croissance économique stagnant et nos parts de marché étant englouties par les pays du groupe BRIC[1], je ne vois pas d’autres alternatives que celles d’une baisse substantielle de notre niveau de vie. Et comme la grande majorité des décisions, forcément impopulaires, sont actuellement bloquées par les partenaires sociaux et dans une moindre mesure par la classe politique qui garde en ligne de mire les prochaines échéances électorales, la seule alternative me semble être celle de l’inflation.
Jean-Claude MORAND – 10/6/2010
http://www.next-finance.fr/Credit-Default-Swap-CDS
http://www.boursorama.com/forum-cac-40-cds-spreads-maj-hongrie-bienvenue-399748754-1
http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/05/24/241001/how-sovereign-bonds-should-be-rated/
http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/01/22/132466/grεεk-cοrpοrαtε-cοntαgiοn/
Je rejoins cette analyse.
RépondreSupprimerBaisser notre niveau de vie pour casser le cycle d'appauvrissement que nous vivons depuis plusieurs décennies, est une sage préconisation.
En effet, continuer à consommer, au niveau où nous le faisons, contribue au développement des pays émergents, car ce sont eux qui produisent essentiellement les biens de consommations.
Continuer à consommer, c'est également contribuer à l'enrichissement éhonté des établissements financiers qui nous facturent un coût du risque sans cesse plus élevé qui n'est, en fait, pas réel.
Mais diminuer son "niveau de vie" est-ce vraiment dramatique?
Avoir 2 voitures plutôt que 3, renouveler son véhicule tous les 7 ans plutôt que tous les 3 ans, ne pas avoir immédiatement le dernier portable etc..., ne me semble pas catastrophique.
On pourrait même diminuer le nombre de nos élus à chaque strate du "millefeuille" des collectivités locales et de l’Etat.
Par exemple, avoir 157 membres à la commission permanente du Conseil Régional de Rhône-Alpes, c'est désormais un LUXE de "niveau de vie" qu'on ne peut plus s'offrir!
Ce qui est important c'est la "QUALITE de vie", pas le "NIVEAU de vie".
Et il n'y a pas de corrélation!
La preuve: on a démesurément gonflé depuis plusieurs décennies le secteur public et les collectivités locales.
La paperasse et toutes les procédures, qui en résultent auxquelles je suis de plus en plus confronté, n’ont pas accru mon NIVEAU de vie.
Par contre, c’est certain, ma QUALITE de vie de citoyen et d'entrepreneur s’est fortement dégradée !
laruaz