dimanche 30 décembre 2012

Le malaise de la modernité

La trêve des confiseurs a souvent été l’occasion de prendre un peu de recul sur mes activités et imaginer mes actions futures. Cette année, le débat familial porte sur « Le malaise de la modernité » en prenant pour référence un essai éponyme publié en 2002 par Charles TAYLOR, un philosophe canadien.

Je pensais aussi que l’auteur traiterait de l’invasion de la technologie dans notre quotidien sous un angle instrumental, mais en sa qualité de philosophe j’ai découvert qu’il la considérait comme une valeur ce qui n’a pas manqué de me surprendre tout en reconnaissant que son argumentaire n’est pas dénudé d’intérêt. Taylor adopte une approche qui positionne la technologie comme une valeur – tout en contestant cela - qui viendrait selon lui nous priver d’authenticité. Ainsi, il aborde la technologie comme un passage obligé qu’il assimile comme un frein au développement de valeurs plus fondamentales. Taylor conclut ainsi « La remise en perspective de la technologie exige une action politique collective pour contrer la poussée du marché et de l’Etat bureaucratique vers l’atomisme et l’instrumentalisme….C’est-à-dire que nous affrontions le risque, que Tocqueville a été le premier à définir, de dérapage de la démocratie vers un pouvoir tutélaire. »

Il prend comme hypothèse qu’un malaise de la modernité existe et en décrit trois causes.

Je partage son approche lorsqu’il identifie l’individualisme, qu’il associe au concept d’atomisation, comme la première cause du malaise de la modernité en considérant que nos vies ont été aplaties et rétrécies par un souci de soi démesuré[1] . Je suis un peu plus dubitatif lorsqu’il évoque la « raison instrumentale » comme deuxième cause en affirmant que « le prestige qui auréole la technologie et qui nous fait chercher des solutions technologiques lors même que l’enjeu est d’un tout autre ordre. » Il affirme que cette attitude est fréquente en politique. Ce n’est pas mon impression car je ne place pas la technologie sur le même plan que les valeurs. La technologie reste un outil (ou un ensemble d’outils) qui me permet effectivement de servir mes objectifs instrumentaux mais rien de plus ! Cette même technologie, je la mets au service de mes désirs d’authenticité. Un autre concept sur lequel il revient à plusieurs reprises dans son ouvrage sans pour autant le définir.

La troisième cause qu’il considère comme source du malaise de la modernité est la conséquence des deux premières. En se référant encore à Tocqueville, il conclut que nous préférons rester dans notre cocon qu’il définit comme un despotisme doux induisant (je prends un raccourci) un désintérêt pour l’action collective et en particulier la politique. Phénomène que l’on observe lors des élections récentes avec des taux de votants qui sont descendus bien au-dessous des 50 % des inscrits sur les listes électorales. Un peu comme si nous nous résignions à accepter notre impuissance à influencer la politique, c’est-à-dire les conditions de vie de notre Société. Nous sommes de plus en plus nombreux à adopter une approche - mise en évidence par Bloom[2] - où « la morale de la survie a pris la place de l’héroïsme au sommet de l’échelle des qualités qu’on admire. ». Là encore, je partage – et j’ai largement payé pour cela durant ma vie professionnelle – le concept de liberté autodéterminée que l’auteur attribue à JJ Rousseau : « Je suis libre lorsque je décide pour moi-même ce qui me concerne plutôt que de me laisser modeler par des influences extérieures. » Cela suppose une dose d’héroïsme pour ne pas tomber dans la conformité des modèles existants et la possibilité de faire valoir nos propres valeurs.

J’ai retrouvé cette approche dans quelques traités sur le leadership managérial[3] qui affirment que pour vraiment exister au sein d’un groupe social (ici l’entreprise) nous devons exprimer d’authentiques valeurs afin que par leurs forces elles puissent être comprises et acceptées. Bref de pouvoir entrer dans le domaine des définitions de SOI qui font sens.

***

Je suppose que si vous êtes arrivé à lire ce billet jusqu’à ce point vous devez soit avoir envie d’en savoir plus, auquel cas je ne peux que vous encourager à acheter l’ouvrage ; soit vous vous demandez pourquoi donc nous nous lançons (j’associe mon fils à cet exercice) dans de telles réflexions de plus en période de fêtes. He bien, c’est justement pour sortir de notre conformisme quotidien pour essayer de faire évoluer la qualité de nos actions afin que l’individu soit au cœur de celles-ci et que nous ne laissions pas phagocyter par nos activités quotidiennes. C’est aussi le plaisir de parler de valeurs au moment où les temples de la consommation viennent de vider leurs rayons pour venir garnir les mercantiles sapins de Noël. Bien sûr que ces réflexions remuent nos méninges ! Mais ne faut-il pas se poser des questions de temps ?


[1] Page 12

[2] L’Ame désarmée, essai sur le déclin de la culture générale, Paris, Julliard, 1987. Page 92

[3] Par exemple dans « Authentic Management : A Gesalt orientation to organizations and their development », S M Herman & M Korenich, Addison-Wesley ou encore “Authentic Leadership: Rediscovering the Secrets to Creating Lasting Value”, Bill George, J-B Warren Bennis Series

jeudi 27 décembre 2012

Pourquoi les mises en chantier ont-elles baissées de 23.8 % ?

imageUn article du Parisien daté du 26 décembre constate une baisse des mises en chantier de logements neufs de 23.8 %, entre septembre et novembre 2012 par rapport à la même période de 2011. Ce chiffre suscite l’intérêt des journalistes pendant la trêve des confiseurs. Les analyses que j’ai pu lire jusqu’à présent occultent un certain nombre de faits qu’il est nécessaire de prendre en considération pour comprendre la situation.

En premier lieu, il faut se rappeler que fin 2011, les promoteurs et investisseurs avaient accéléré les mises en chantiers afin que les acquéreurs puissent bénéficier des anciennes mesures fiscales « Sceillier » qui avaient déjà été réduites par l’ancien gouvernement.

Pour les primo acquéreur, les difficultés de financement sont aussi pour beaucoup. Et là il s'agit pour les banques de constituer ou reconstituer leurs fonds propres (Bâle III).

Pour les investisseurs, c'est une autre histoire qui comporte plusieurs facettes dont effectivement le manque d'intérêt du nouveau Sceillier/Dufflot mais pas seulement :

· l’instauration d’une CSG sur les revenus locatifs dont le taux ne cesse d’augmenter pour atteindre actuellement 15.5 % auxquels s’ajoute l’IRPP ou l’impôt sur les bénéfices contribue à réduire la rentabilité ;
· la pression de l’ISF touchant les biens mis en location pouvant rapidement dépasser 1% de la valeur du bien est également un coup de rabot sur la rentabilité ;
· sur le plan fiscal, une mesure du gouvernement précédent, l'extension de l'exonération d'impôt sur les plus-values de 15 à 30 ans a été fatale. Le modèle économique reposait sur une rentabilité faible et un risque important pour les locations mais avec un espoir de gain lors de la revente. Cette perspective a disparu ;
· les nouvelles normes (BBC) en particulier celles pour l'isolation font exploser les prix de vente ;
· la rareté du foncier et donc son prix viennent également faire grossir le montant de l’addition finale ;
· le plafonnement des augmentations de loyer lors des changements de locataires ;
· la grande difficulté de pouvoir recouvrer les loyers impayés et les compensations pour les dégâts constatés lors du départ du locataire ;
· la réduction des dépôts de garantie à un mois ;
· la suppression de la garantie octroyée par les organismes collectant le « 1% logement » (Locapass)
· le resserrement des zones tarifaires pour obtenir le bénéfice de la mesure « Sceillier »
· le plafonnement des niches fiscales à 10'000 € qui sature l’intérêt fiscal d’un foyer à se porter acquéreur d’un nouveau bien.

Toutes ces mesures prises au cours des dix dernières années, pas seulement depuis que nous avons un gouvernement de gauche, incitent les détenteurs de capitaux à se porter sur d’autres secteurs ou à considérer d’autres pays et effectivement à se détourner de l’immobilier.

Crédit photo : Istockphoto, Microsoft Clip art

Noël des Alpes à Annecy : illumination de la façade de l’hôtel de ville

Voilà un spectacle qui n’est pas très onéreux et qui séduit de nombreux annéciens et touristes tout en rappelant un peu l’histoire de la ville.

Son et lumière sur la façade de l'hôtel de ville sur le thème "Annecy ville des Alpes 2012", offert par la Ville d'Annecy jusqu'au 7 janvier 2013. Mise en lumière signée par SpectaculaireS. Publié par Isabelle MORISSEAU sur Youtube.

dimanche 23 décembre 2012

Château d’Annecy sort du brouillard matinal

Ce matin le château a revêtu un manteau un peu mystique créant une ambiance de contes de fées. Je m'attends à voir sortir un comte de Savoie - — in Annecy.

Château d'Annecy

dimanche 9 décembre 2012

La démocratie directe : des sondages à l’initiative des médias

Cédric Le Goff avait déjà initié quelques sondages sur son blog pour recueillir les avis de ses lecteurs. Notre hebdomadaire régional “L’Essor Savoyard” en fait aussi quelques-uns.
Le nombre de réponse est encore limité bien que la question portant sur le lieux d’installation du stage pour l’ETG ait recueilli 6392 votes (le 9/12/12 à 11h27).
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La dernière question invite les lecteurs a se prononcer sur l’utilité du projet de centre de congrès et du lieu de son éventuelle construction. Pour que les résultats puissent avoir une signification, il serait nécessaire d’atteindre au moins 10’000 votes en provenance d’IP différentes (adresses internet) pour que la voix du peuple puisse être audible. Ce matin, seuls 383 personnes s’étaient exprimées ce qui est déjà beaucoup mieux que le score obtenu par le sondage de Cédric Le Goff où seulement 270 personnes ont répondu.