mercredi 19 janvier 2005

Environnement

Je suis né aux pieds des glaciers et depuis que je sais marcher, je parcours chaque été les sentiers de nos montagnes ainsi que ceux des massifs les plus éloignés de la planète. Avec une carte de moniteur de ski dans la poche, j’ai pu observer la lente réduction du manteau neigeux sur les pistes de nos stations. En 1994, j’ai pris l’initiative d’organiser un congrès « Neige et Climat » avec le professeur Bailly, chef du département de géographie à l’Université de Genève. Je voulais sensibiliser les responsables de stations pour qu’ils prennent en considération le risque écologique lors de leurs investissements à long terme.

En me promenant sur le Mont Golan, j’ai réalisé que l’eau serait le pétrole de la fin du XXIe siècle et que des guerres seraient livrées pour accéder à cette ressource vitale pour notre corps. Et même, si j’ai le plaisir de vivre sur les bords d’un magnifique lac, je sais que l’accès à cette ressource est de plus en plus un défi pour les villages des montagnes savoyardes et que nos cours d’eau sont honteusement pollués par des rejets privés et industriels que je combattrai.

Je réalise surtout qu’en deux siècles le nombre de bouches à nourrir sur la terre a été démultiplié au point d’atteindre 7 milliards d’individus. 7 milliards de personnes qui doivent se déplacer, se chauffer et bien entendu se nourrir. Que cela soit du carbone ou du méthane nos activités pourrissent petit à petit notre environnement. Mais que faire pour enrayer cette spirale infernale ?

Réduire notre développement économique local ? Surement pas, le temps que les usines chinoises, indiennes ou de tout autres pays prendront le relais pour polluer notre atmosphère. Utiliser notre savoir-faire pour limiter les dégâts, surement ! Je suis naturellement favorable à toute forme d’économie d’énergie qui ne soit pas pénalisante sur le plan économique. Je suis également très favorable à la diminution de la consommation des énergies fossiles (charbon, pétrole,…) pour autant que nous puissions recourir à l’éolien, au nucléaire, à l’hydraulique.

Pour les pays de Savoie, notre espace vital se réduit très rapidement, nos routes de montagnes souffrent chaque hiver et je pense que nous atteignons les limites de l’acceptable en terme de population au m2. Nous ne pouvons plus accepter une urbanisation sauvage basée sur le mitage du territoire. Même si égoïstement, j’admets qu’il peut être plus agréable de vivre dans une villa (j’habite en immeuble), ce concept de vie va devoir évoluer au fil du temps afin de pouvoir préserver nos espaces agricoles et ludiques.

Je crois aussi que la voiture vit ces dernières décennies. Me rendant régulièrement à Genève depuis 1979, je vois grossir les bouchons et les temps de trajet s’allonger au fil des années. Les places de parking deviennent un service de luxe. Malgré les efforts des constructeurs pour en diminuer la consommation, la facture de carburant est de plus en plus importante. Raison pour laquelle, la conception de nouvelles formes d’interaction et mise en relation des hommes doivent être recherchées. A l’heure où les emplois tertiaires se multiplient, le télétravail doit pouvoir être généralisé pour limiter les déplacements au strict minimum. Ma vie professionnelle m’a conduit à concevoir des solutions pour optimiser l’usage des nouvelles technologies, nous avons encore de gros progrès à faire en ce domaine et je resterai un acteur impliqué pour promouvoir leurs usages. Ma devise, empruntée à Nicholas NEGROPONTE, un professeur du MIT à Boston, est de poser comme postulat que l’on doit déplacer les atomes mais pas les bits. C'est-à-dire que tout ce qui est digitalisable doit l’être et être transmis uniquement électroniquement.

Jean-Claude MORAND 19/1/11