mardi 6 septembre 2011

Le vote de la « règle d’or » : une priorité qui n’est qu’une première étape.

378 députés ont participé au vote cet après-midi, j'ai pu entendre quelques points de vue intéressants sur la chaine LCP qui retransmettait les discours de chacun. Je dois avouer que la prestation de Jérôme CAHUZAC (PS) a été remarquable. Sa position de Président de la Commission Finance lui permet de disposer de plus d’information qu’un Député lambda et ses propos n’ont pas été agressifs vis-à-vis de la Droite. C’est comme cela que j’aime la politique. Mais j'ai aussi l'impression que beaucoup de nos représentants sous-estiment la portée de leurs actions et ne comprennent que de manière limitée les signaux que le marché leur adresse en ce qui concerne la gestion des finances publiques. Certes, il y a la Grèce mais aussi bien d'autres pays qui - pour faire simple - dépensent qu'ils gagnent et surtout ont d'énormes difficultés à articuler une vision qui permettrait de voir l'évolution de leur PIB couvrir l'excédent de dépenses. J'entends beaucoup d’entre eux utiliser le mot « crise » pour justifier tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, mais l’origine de cette nouvelle crise ne se situe pas dans les salles de marché où des traders auraient pris trop de risques, mais au cœur de notre démocratie incapable de maîtriser les comptes des nations européennes. Faut-il encore une fois rappeler que l’accumulation de la dette française atteint 1646 milliards d’euros et plus de 80 % de notre PIB alors que la croissance attendue n’atteindra pas 1.75 % du PIB 2010.

Nos amis américains (qui ne sont pas mieux que nous) constatent que quelque chose a cassé[1] dans la mécanique européenne. Les taux s’envolent. Un accord avait été trouvé avec les dirigeants grecs le 21 juillet. Mais les représentants des bailleurs n’ont pas eu le temps de savourer leurs vacances. La pression sociale a été trop forte et les engagements ne sont pas tenus au point que lors d’une récente visite la délégation de la Toïka (FMI, BCE, UE) a préféré se retirer du pays pour compléter son « travail technique »[2], une attitude que la majorité des analystes considère comme un échec ou une non-application des mesures décidées le 21 juillet. La Grèce doit donc maintenant emprunter à court terme au taux de 50 % et c’est toute la zone euro qui est secouée et bien entendu, la situation du pays ne peut que s’aggraver alors que sociologiquement les mesures sont contestées.

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Pour revenir à la France, la valeur du CDS[3] du pays est passée de 101 en juin 2010 à 187 le 5 juin 2011. Je crains malheureusement que cela ne soit pas fini si le congrès ne trouve pas la force de voter la règle d’or. Un signal qui confirmerait la volonté politique de se ressaisir et de prendre réellement des mesures pour juguler la dette des Etats. Cela permettrait au moins de gagner quelques mois et de passer la période électorale avant que la situation soit à nouveau analysée au regard de la réelle volonté du parlement à appliquer ce principe d’équilibre et aussi de la situation économique en général (progression du PIB). Je reste confiant pour qu’après quelques effets de manche de part et d’autre puisque nous sommes en période électorale, nos députés et sénateurs trouveront le chemin de la raison ne serait-ce qu’en s’abstenant pour permettre (si cela est techniquement possible) la modification de la Constitution. Le discours de François HOLLANDE cet après-midi me semble aller dans ce sens même si ces propos étaient plutôt virulents. Cet ancien d’HEC doit bien comprendre qu’aucune autre alternative n’est possible à court terme. Après avoir pu donner des signes conformes aux attentes de son électorat, ce qu’il a fait cet après-midi, il se résoudra probablement à ne pas bloquer le processus du vote.

A plus long terme d’autres alternatives sont possibles ; en lisant les commentaires et suggestions de l’article vous découvrirez un panel de propositions dont :

  1. - Création d’une gouvernance économique (sovereign) renforcée au niveau européen
  2. - Une remise en cause des processus démocratique
  3. - Une sortie de l’Allemagne de la zone euro
  4. - Retrait de la Finlande de l’Euros
  5. - La dévaluation de l’Euro par rapport au Dollar et d’autres monnaies (c’est déjà le cas avec le CHF)
  6. - Emission d’Eurobonds

Toutes ces mesures demandent que nous élus prennent de la hauteur et soient capables d’articuler une vision et surtout d’obtenir un consensus autour de celle-ci.

Jean-Claude MORAND -06/09/2011


[1] http://pragcap.com/something-looks-broken-its-europe

[2] http://www.imf.org/external/np/sec/pr/2011/pr11320.htm

[3] Voir la définition sous http://fr.wikipedia.org/wiki/Credit_default_swap ou encore mon article de juin 2010

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