samedi 6 février 2010

Acteurs du tourisme donnez-vous les moyens de maintenir votre présence sur le marché : de nouveaux concurrents arrivent !

Alors que la grande majorité des acteurs du tourisme concentrent leurs efforts à améliorer la nature et la qualité des produits offerts, une mutation très importante se déroule en ce qui concerne les processus de mise en marché, modifiant en profondeur les rôles des Office de Tourisme et agents de voyage traditionnels.


Il ne s’agit pas d’une bulle qui grossirait en quelques mois. Non, car dès le début des années 60, les techniques de l’intelligence artificielle suscitaient l’intérêt de nombreux chercheurs. Ainsi, Joseph Weizenbaum créait un agent nommé Eliza entre 1964 et 1966. Ensuite de nombreux autres s’essayèrent à cet exercice ; par exemple APPLE proposait en 1988 ( ?) un navigateur de la connaissance (Knowledge Navigator) car, l’enjeu majeur est bien de mettre à disposition des utilisateurs des éléments de connaissance implicite. C'est-à-dire des éléments que l’utilisateur ignore l’existence. Il ne peut donc expliciter une question sur ce thème. Par exemple, si vous venez à Annecy début juin 2010 vous ignorez probablement ce qu’il vous est possible de faire. Un agent intelligent pourra vous proposer proactivement de visionner quelques films du festival du film d’animation.

En 1994, Eberhard Schoneburg un professeur de réseaux neuronaux (Neural Network) de Berlin créait un programme de gestion d’agents personnels commercialisé par Artificial-Life qui s’est depuis recentré sur les jeux vidéo en ligne pour les smartphones. C’est avec son programme que je créais mon premier agent, non sans difficulté, que j’ai utilisé alors que je donnais quelques cours d’e-Marketing à l’IUP d’Annecy-le-Vieux en 1995. Le virus était dans mon esprit !

En 2007, j’ai récidivé avec MAKEDA, un agent de voyage virtuel qui reprenait les connaissances accumulées par Luigi CANTAMESSA un expert de l’Ethiopie et auteur d’un guide sur ce pays publié chez Olizane, agent présenté lors du salon du livre de Genève en mai 2007. Pour ce premier agent de voyage virtuel, j’ai eu recours à AIML un langage de programmation mis au point par le Dr. Wallace. Les variantes de ce langage sont maintenant utilisées par les quelques entreprises qui se sont spécialisées dans la création d’agents personnels mais aucune à ce jour ne s’intéressait au tourisme.  C’est l’un de mes rêves et j’essaye toujours de transformer l’essai et de créer une entreprise autour de ce concept.

Une startup américaine retient actuellement mon attention car je crois qu’ils sont en train de franchir un pas technologique et de proposer des applications qui modifieront en profondeur le comportement des voyageurs et touristes au cours des mois et années à venir. Si vous comprenez l’anglais, visionnez la vidéo jointe et dans le cas contraire visionnez la démonstration qui se trouve à la fin de celle-ci.



Nous avons en France quelques laboratoires du CNRS qui travaillent sur ce concept dont le LIP6 à Paris, le LIRIS à Lyon et le LIG à Grenoble sans compter les travaux internes à France Télécom. Mais aucune équipe, à ma connaissance, ne dispose des moyens de SIRI dont les fondateurs vous présentent leur produit dans la vidéo annexée à ce billet. En premier lieu, il s’agit d’un spin off d’un programme de recherche de la DARPA qui était de doté de 200 millions de dollars. Cette start-up bénéficie également d’un apport en fonds propres de deux sociétés de Venture Capital à hauteur de 25 millions de dollars. Ces moyens financiers et l’esprit d’entreprise qui anime les chercheurs américains les positionnent bien pour offrir au marché des voyageurs et touristes des conseillers de voyage de plus en plus intelligents. A la fin de cette vidéo, vous découvrirez une démonstration de ce qu’ils proposent aujourd’hui en matière d’assistance embarquée tout en sachant qu’ils se donnent comme objectif d’ajouter un nouveau service chaque mois ! Un peu comme l'on apprend à un enfant un nouveau mot chaque jour. La puissance des traitements informatiques et le développement des standards d’interfaçage aidant la création d’API et de webservices il devient de plus en plus aisé d’aller chercher les éléments de connaissance implicite que j’évoquais au début de billet. Et c’était précisément la principale valeur ajoutée des agents de voyage jusqu’à présent. Valeur ajoutée déjà érodée avec l’apparition des sites web et des moteurs de recherche, voici donc maintenant une concurrence nouvelle qui met à risque ce métier.

En France, le niveau de recherche supporte largement la comparaison avec celui des laboratoires américains, mais il manque au moins deux éléments pour que des entreprises nationales puissent rivaliser avec les entreprises américaines :

1. Le niveau de financement – De part les possibilités de défiscalisation de l’ISF offertes par la loi TEPA de nouveaux apports en fonds propres sont venus soutenir les PME mais uniquement pour des tickets oscillant entre 50 et 200 K€. A de rare exceptions pour des montants supérieurs à 500 K€. Les réductions fiscales accordées sous forme de Crédit Impôt Recherche (CIR) sont également appréciable pour financer la R&D. Les appels à projets du Ministère de la recherche pour la création d’entreprises de technologie innovante sont eux limités à 450 K€ et sont naturellement destinés à développer et valoriser des programmes de recherches issus de laboratoires. Les entreprises ont certes besoin de financer la R&D mais également la mise en marché et la production des produits et s’il l’on prend l’exemple de SIRI ou encore de VIRTUOZ ces besoins s’expriment en dizaine de millions de dollars ou d’euros. Des fonds qu’il est quasiment impossible de trouver en capital d’amorçage (seed capital) en France.
2. L’esprit entrepreneurial des chercheurs – Que cela soit pour une question de statuts ou beaucoup plus pour une conception de la société, il m’apparaît que les chercheurs ne sont pas attirés par la vie de l’Entreprise, par la recherche de la profitabilité. Je n’ai pas vraiment trouvé d’interlocuteur qui avaient envie comme les fondateurs de SIRI de se lancer dans une approche mercantile. Au contraire, j’ai parfois l’impression que la recherche du gain est incompatible avec la recherche. De l’autre côté le monde de l’entreprise, et dans ce cas plus particulièrement celui de l’industrie touristique ont encore beaucoup de mal à appréhender les nouveaux concepts du web sémantique, des standards XML, de l’intelligence artificielle et autres techniques qui modifient pourtant en profondeur leur métier et le comportement des consommateurs. Ainsi, en quelques années, l’initiative de l’innovation en ce qui concerne la mise en marché des produits touristiques est passée des agences de voyage et Office de Tourisme traditionnels à de nouveaux acteurs en ligne comme Expédia ou Voyages-SNCF. D’autres comme SIRI ou Google se profilent en laissant pantois la grande majorité des acteurs touristiques français.

Pour ma part, j’espère toujours trouver 4 millions d’euros qui me permettraient de formellement créer bots4you d’affronter au moins partiellement SIRI avec l’aide des laboratoires de recherche mentionnés alors si vous êtes un VC… je tiens à votre disposition un business plan complet vous assurant aussi un retour sur investissement confortable, car les conseillers de voyage virtuels travaillent 24h/24 7j/7, et ne perdent que rarement la mémoire. Sans compter qu’en plus des fonctionnalités présentées dans cette vidéo, d’autres possibilités technologiques et « sociales » existent pour aller encore plus loin dans un proche avenir.

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