samedi 5 février 2011

Pour une meilleure compétitivité des PME française

A la demande du Ministère de l’Economie, le cabinet Coe-Rexecode a remis le 14 janvier un rapport qui présente une analyse comparative des PME allemandes et françaises riche d’enseignement. La constatation la plus marquante est une dégradation constante de l’écart de l’indice de la production industrielle entre les pays émergents avec celui de nos pays industrialisés. Si nous stagnons depuis 10 ans en ce domaine, l’indice des pays émergents a simplement été multiplié par deux durant la même période ! De plus, alors que le mot « crise » reste au cœur de tous les discours des élites françaises, l’indice de ces mêmes pays a bondi de 40 points depuis 2008 soit environ 20 %.

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Source : étude Coe-Rexecode « Mettre un terme à la divergence de compétitivité entre la France et l’Allemagne » - 14/1/2010

L’enjeu de ce rapport était aussi de comprendre pourquoi nos amis allemands plus performants que nous. Ainsi le poids de la valeur ajoutée industrielle représente plus de 20 % du PIB chez eux contre 11 % en France. Ce poids progressait avant la récession. Il reculait en France. Et surtout, la reprise a été beaucoup plus marquée outre-Rhin que chez nous.

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Le rapport décrit 12 pistes pour justifier cet écart de productivité. J’en ai retenu une qui me paraît particulièrement pertinente lorsque l’on élargit cette analyse aux pays émergents : la taille de nos entreprises. Alors qu’entre 1999 et 2007 le nombre moyen de salariés des entreprises françaises passait de 15 à 14, celui des Allemands n’augmentait encore de 3 personnes en atteignant 35 salariés en moyenne. Difficile dans ces conditions de rivaliser dans bien des domaines que cela soit au niveau des économies d’échelles ou des capacités de R&D voire de mise en marché à l’export.

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Source : Statistiques structurelles des entreprises, Eurostat

5 priorités pour limiter les dégâts !

1. Prendre en compte l’impératif de compétitivité dans toute réforme de la fiscalité

2. Améliorer notre « capacité à travailler ensemble » pour s’adapter au changement économique

3. Accorder une plus grande importance au capital humain

4. Axer plus nettement l’effort de formation et de recherche sur le couplage recherche-industrie et le process industriel.

5. Mettre en œuvre une mesure forte et urgente de recalage de nos coûts industriels.

Chacune de ces priorités est justifiée dans ce rapport et fera sans aucun doute débat au sein de la classe politique comme dans les milieux socio-économiques. Toutes méritent que nos décideurs prennent la mesure de leur impact.

 

En ce qui me concerne, j’ai choisi lors de deux conférences données à la Place des Affaires de renchérir la proposition relative à la volonté et aux capacités de nos PME à travailler ensemble avec leurs pairs, mais aussi avec des chercheurs tout en bénéficiant de l’appui structurant des collectivités publiques. Je propose aux dirigeants des PME qu’ils prennent en compte des approches stratégiques pour diriger leurs affaires et qu’ils considèrent effectivement des rapprochements pour mutualiser certains coûts d’opération. Les clusters ou grappes d’entreprises sont une des solutions à leur disposition. Mais combien sont-ils à en profiter ?

Pour avoir rodé une présentation sur ce thème, je reste à votre disposition pour parler de cela avec votre CCI, votre fédération ou tout autre organisme qui envisage de dynamiser la productivité de ses adhérents.

Jean-Claude MORAND – 5/2/2010

3 commentaires:

  1. "Alors qu’entre 1999 et 2007 le nombre moyen de salariés des entreprises françaises passait de 15 à 14, celui des Allemands augmentait encore".

    Pour expliquer cela, il suffit de regarder durant la même période l'évolution exponentielle en COMPLEXITE du code du travail en France.

    Au delà d'un effectif de 10 personnes les CONTRAINTES sont dithyrambiques!
    Ainsi le chef d'entreprise est conduit à passer plus de temps que nécessaire pour gérer son personnel.
    C’est donc du temps en moins pour s'occuper des clients et pour améliorer la qualité de son service ou de son produit.

    Développer son entreprise par l’acquisition de nouveaux clients et par le lancement de nouveaux produits a toujours été un moteur essentiel pour les entrepreneurs.

    En tout cas, une MOTIVATION plus importante, pour eux, que la mise en place de la énième directive du code du travail ou que le remplissage d’un énième formulaire pour l’administration !!!

    Rendez vous en 2012 pour voir le nombre de salariés baisser encore
    Depuis 2007, contrairement à son programme, ce gouvernement n’a strictement rien accompli pour toiletter un code du travail empreint de l’idéologie dépassée de la lutte des classes.

    laruaz

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  2. Je suis très déçu par les conclusions de ce rapport.
    Il se borne à donner des priorités pour « limiter les dégâts » (sic).
    Vous avez bien lu : « limiter les dégâts » !!!!
    C’est donc PERDU!
    Ces mots montrent le désenchantement réel de ces éminents consultants du cabinet Coe-Rexecode en ce qui concerne l’évolution de la compétitivité de nos PME et TPE.

    J’aurais aimé plus d’ambition de la part des rédacteurs.

    Au moins, quelques priorités pour traiter les causes.
    - reconnaissance de la réussite au lieu de la taxer toujours plus comme le veut le faire en ce moment la majorité au pouvoir
    - simplification du code du travail
    - image du « patron » à revaloriser, car toujours amalgamé aux managers des grandes entreprises
    - simplification du système des aides aux entreprises (6000 dispositifs selon un rapport de mars 2009)
    - expurgation de ce code de tous les articles à connotation idéologique « lutte des classes »
    - etc…

    laruaz

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  3. Les conclusions de ce rapport sont d'une BANALITE déconcertante.
    Elles sont du "copie-collé" de ce qu'on a déjà lu à maintes reprises ces dernières années.

    Par exemple :

    Priorité 1 : "Prendre en compte l’impératif de compétitivité dans toute réforme de la fiscalité"
    Les capitaux pour investir dans les entreprises se déplacent si la fiscalité est trop forte ou trop complexe ou trop instable.
    En France, nous ne faisons pas dans le détail; nous CUMULONS ces 3 inconvénients depuis 1981!
    C’est, depuis 30 ans, dit et redit! Ecrit et réécrit !

    Priorité 2 : "Améliorer notre « capacité à travailler ensemble » pour s’adapter au changement économique"
    Idem. C’est depuis 30 ans dit et redit !
    On parlait même à une époque de «subsidiarité».
    Principe qui consiste à ne pas remonter un problème au niveau hiérarchique supérieur s’il peut être réglé au niveau hiérarchique inférieur.
    La situation a empiré. On a même vu cet hiver un ministre rentrer précipitamment de Moscou pour que le déneigement des voies de communications soit lancé. Les hauts fonctionnaires de la DDE (payés par nos impôts) censés régler ce problème étaient dans l’incapacité de prendre cette décision! Hallucinant !!

    Priorité n° 3 : Accorder une plus grande importance au capital humain
    Plus banal que çà tu meurs !
    Je ne connais aucun commerçant, artisan ou patron de TPE qui n’est pas à la recherche de collaborateurs qualifiés.
    C’est plutôt la qualité et l’efficacité de l’enseignement professionnel qui serait à revoir.
    Ses résultats ne sont pas du tout à la hauteur des dépenses démentielles qui ont été engagées depuis plusieurs décennies!

    Curieux ! Le rapport est complètement aphone sur ce point.
    Pas de mention, non plus, sur la complexité du système des aides aux entreprises.
    6000 dispositifs, selon un rapport de 2009.
    C’est incompréhensible pour les TPE et les PME qui, pourtant, en ont le plus besoin!

    Pour bien comprendre cette « muerta », il faut s’interroger sur qui se cache derrière ce « cabinet d'étude » Coe-Rexecode.
    Il s'agit encore d'un "machin" associatif dont les membres sont principalement des organismes publics, professionnels, consulaires.
    Ils ne vont, quand même, pas cracher dans la soupe!
    On y trouve également toutes les grandes sociétés para-publiques et les grands organismes financiers.

    Bref que du beau monde de la galaxie de l’économie virtuelle!

    C’est plutôt une étude faite par des acteurs de l’ECONOMIE REELLE qu’il nous faut.
    Ce serait détonnant, mais grandement plus utile pour notre pays !

    laruaz

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