Quota ou pas quota, il est vrai que l’ascenseur social est en panne et que les « élites » fabriquées par les grandes écoles sont de moins en moins en phase avec la société. Alors quelles solutions peut-on envisager ?

Si je m’oppose à la discrimination positive, je regrette comme la Ministre de la Recherche que l’ascenseur social soit actuellement en panne. Pour avoir un fils en 2e année d’une prestigieuse classe préparatoire, je comprends la dure réalité financière de ce type de formation. En 2009, mon budget a été imputé de plus de 13'000 euro pour lui donner la chance de pouvoir intégrer l’une des 6 grandes écoles de commerce de la catégorie « A ». N’étant pas boursier, il doit payer les frais d’inscription aux concours qui sont de l’ordre de 1'000 euro ! Pour en arriver là, il a travaillé et obtenu de brillants résultats, une mention TB au bac, mais aussi un engagement social et scolaire qui lui a ouvert les portes d’une classe prépa très sélective qui place habituellement plus de 90% de ses élèves dans ces 6 grandes écoles. Je trouverai profondément injuste que d’autres élèves puissent être admis sans passer par le même processus de sélection au niveau des connaissances, du savoir-faire et du savoir-être que l’on attend d’une élite. Et c’est peut-être dans ces deux derniers critères que l’on peut trouver des pistes pour mieux intégrer les étudiants des classes sociales les moins favorisées sur le plan financier. Car, une entreprise, une Société avec un grand « S » a besoin de leaders dotés d’une intelligence émotionnelle hors pair. Et par leader, je crois de moins en moins au charisme trop souvent autoritaire du patron qui impose son autorité plus que de l’affirmer. J’adhère aux principes édictés par Jim Collins dans son ouvrage « Good to Great » par lequel l’excellence s’obtient en mobilisant l’énergie et stimulant la créativité des personnes de son entourage. Les élites du 21e siècle ne ressembleront pas à celle du 20e. Je partage largement l’affirmation d’Isabel JUBIN, Directrice de l’Ecole Sainte-Geneviève selon laquelle « l’élite n’est ni sociale, ni savante, mais spirituelle dans le sens de responsable. »
Donc pour remettre en route l’ascenseur social je propose :
1) Que les conditions de sélection prennent en compte le savoir-être et le savoir-faire des futurs étudiants. Je reconnais cependant que ces concepts ne sont pas aisés à évaluer.
2) Plus qu’un quota, nous devrions favoriser un réel enseignement public où les meilleurs pourraient voir le coût de leurs études et l’enseignement pris en charge par la collectivité. Pas forcément sous forme de bourse, mais aussi sous forme d’internat que certains appellent "internat d’excellence" afin que les meilleures conditions de préparation aux concours soient réservées à ces élèves considérés comme hauts potentiels.
3) Une fois admis dans une grande école, les étudiants pourraient bénéficier d’un salaire leur permettant de vivre décemment moyennant un contrat de travail de plusieurs années à la fin des études pour le compte d’une administration. Une autre piste pourrait être d’encourager fiscalement la création de bourse d’entreprise (un peu comme les conventions CIFRE actuellement réservées aux doctorants).
4) Subsidiairement, des prêts à taux 0 pourraient être imaginés. Mais leurs montants doivent prendre en considération non seulement les frais de scolarité de ces écoles, mais aussi des frais de vie soit un minimum de 20'000 euros par ans soit entre 80 et 100'000 euro. Autant dire que les prêteurs ne vont pas se bousculer et que du point de vue des emprunteurs c’est une lourde dette à supporter à l’heure où les salaires à l’embauche baissent même pour les élites.
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9/1/10
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