27/4/11 - La semaine dernière, j’ai eu le plaisir d’assister à une session des Rencardduweb et rencontrer à cette occasion plusieurs entrepreneurs en puissance. Durant cette même semaine j’ai entendu le président d’une autre association se poser la question du développement de l’économie numérique dans la région. Dans le cadre de mon engagement au sein de Savoie-Angels, j’ai également pris connaissance de plusieurs dossiers de startups tous aussi novateurs les uns que les autres. Certains ont des atouts techniques plus étoffés que d’autres mais tous présentent des faiblesses du point de vue de l’entrepreneuriat. Bien que des théories récentes du management évoquent la possibilité de lancer une entreprise sans business plan, il reste toutefois indispensable d’avoir de l’ambition, de réelles compétences en gestion et surtout des fonds propres compatibles avec le marché que l’on souhaite adresser. La plupart de mes contacts parlent en milliers d’euros alors que leurs concurrents en Asie et aux Etats-Unis parlent en millions d’euros.
Je crois que nous pouvons créer, en Haute-Savoie, au moins 6000 postes de travail d’ici 15 ans soit environ 3 % des emplois et du PIB du département.
Je comprends la logique du créateur technicien qui ne souhaite pas diluer sa part dans le capital. Mais je n’adhère pas à cette théorie pour deux raisons :
1) Je préfèrerais détenir 3 % d’une société dont le succès est mieux assuré que d’avoir 51 % d’une TPE qui végète.
2) La grande majorité de mes interlocuteurs ne connaissent pas les possibilités de valorisation de leur entreprise en particulier celle de l’actualisation des cash-flows. Pourtant le réseau Entreprendre est à leur disposition pour les aider à structurer leurs approches.
L’économie numérique de notre département souffre du même mal que les entreprises industrielles. Les structures sont trop petites ! A titre d’exemple, SPYTIC au bénéfice d’une extraordinaire médiatisation est pour l’instant le fruit d’un auto-entrepreneur.
Quelques pistes pour qu’un « Mark ZUBERGER »[1] puisse émerger dans la région :
1) Créer et/ou développer des filières universitaires proches de l’économie numérique. L’effectif de l’école des Gobelins pourrait être multiplié et d’autres formations en particulier en ce qui concerne les techniques de développement des logiciels seraient un excellent terreau pour que de futurs entrepreneurs créent une entreprise dans ce secteur.
2) Inclure systématiquement un module d’entrepreneuriat dans toutes ces formations pour donner l’envie aux étudiants de créer leur entreprise pendant leurs études.
3) Promouvoir les actions des pôles de compétitivité en ce domaine en particulier celui d’IMAGINOVE
4) Rapprocher encore plus les organismes de financement avec les écoles pour que les créateurs en comprennent les mécanismes. En qualité de membre du conseil d’administration de Savoie-Angels, je m’emploie à nouer ces contacts et je reste disponible pour intervenir auprès des organismes de formation pour démontrer qu’un créateur d’entreprise avec un bon dossier peut lever un capital d’amorçage de plusieurs centaines de milliers d’euros localement.
5) Accélérer le développement des infrastructures de communication. Cela passe par les communications physiques avec par exemple un TGV qui mettrait Annecy à 3 heures de Paris. Mais c’est aussi des liaisons à très haut débit (x>100 Mb/s) pour tous afin de pouvoir échanger avec des équipes de développement qui peuvent se situer au Viet Nam.
6) Dans la lignée de ce qui a été fait autour du FIFA et du MIFA, créer un autre évènement d’envergure internationale en relation avec l’économie numérique. Et comme le tourisme est aussi un secteur important je me risque à proposer quelque chose autour de ce thème qui se démarque des autres manifestations organisées tant en France (Saint-Raphaël, Toulouse,…) qu’à l’international IFIT. Sachant que des entreprises de la mécatronique travaillent sur la robotisation, je considère que l’intelligence des robots ménagers destinés à soutenir le 4ème âge (gériatrie) pourraient aussi trouver des débouchés dans le domaine de l’accueil touristique. Des laboratoires du CNRS comme le LIRIS de Lyon et le LIG de Grenoble apprécieraient l’initiative et pourraient du même coup être pourvoyeurs de ressources.
7) Susciter l’AMBITION. Démontrer qu’en matière d’économie de numérique on peut encore conquérir le marché mondial en ayant son siège aux pieds des montagnes mais que l’on doit passer du stade de la TPE ou de l’auto-entrepreneur à celui de l’entreprise de taille intermédiaire (ETI).
8) (mis à jour le 28/4/11) Jusqu’à présent le Conseil Général de la Haute-Savoie s’est engagé pour soutenir les stations de sports d’hiver en accordant sa garantie aux banques qui venaient soutenir les efforts d’investissements. Plus récemment, l’assemblée départementale est intervenue pour proposer une solution de financement “dans le cadre du Fonds National de Revitalisation des Territoires (FNRT) mis en place par l'Etat, la Caisse des Dépôts et Consignations et OSEO pour soutenir les territoires touchés par des restructurations économiques. Le dispositif doit permettre sur trois ans, l'octroi par OSEO de 135 M€ de prêts sans garantie aux entreprises créant ou préservant de 10 à 500 emplois.” (2). Si la collectivité sait se mobiliser pour soutenir des secteurs industriels en difficulté elle doit aussi savoir le faire pour développer de nouvelles activités qui démontrent chaque jour leur capacité à créer des emplois.
Je suis très intéressé de recueillir par vos commentaires d’autres idées.
Jean-Claude MORAND – 27/4/11
[1] Créateur de Facebook âgé actuellement de 26 ans.
[2] Source : http://www.haute-savoie.com/fr/actualites-et-newsletter-agence-economique-haute-savoie/actualites/144-sensorex-prend-de-laltitude.html
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